QUOTIDIEN CENTRAFRICAIN LEDEMOCRATE
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REDUCTION DE LA DETTE CENTRAFRICAINE : OÙ DOIT-ON ALLER MAINTENANT ? VERS UN CENTRAFRIQUE ÉMERGENT ?Par Benoît LIKITI
Economiste
 
Le Contexte Centrafricain :           En Juillet 2009, le FMI a revu en hausse de 0,6 % sa prévision de croissance de l’économie mondiale pour 2010 portant le taux à 2,5 %. Bien que des signes d’amélioration se manifestent la réponse demeure encore frileuse, signifiant que l’ombre de la récession plane encore dangereusement.
 
 
Pour 2009, l’activité économique selon le FMI subira une contraction de 1,4 % du PIB mondial alors qu’il était prévu pour Avril 2009 à 1,3 %. Les trimestres se suivent mais les indicateurs n’évoluent pas de façon linéaire ; il apparaît des amplitudes qui confirment que la stabilisation est inégale selon les pays.
              Si les États-Unis d’Amérique (USA), le Japon, la France et même l’Allemagne ont connu une amélioration timide par rapport à l’accroissement de la production du fait des injections massives de fonds publics dans des secteurs névralgiques, les indicateurs relatifs au chômage n’ont pas été impactés, d’où la création d’emplois est demeurée négative.
La prudence est de mise, d’autant que le volume du Commerce mondial parait encore faible. Le FMI annonce que les pays du G20 ne devraient pas connaître une reprise durable avant le second semestre 2010. Ces pays s’orientent résolument vers une véritable régulation des marchés financiers.
L’ENVIRONNEMENT MACROÉCONOMIQUE CENTRAFRICAIN
La décision du Conseil d’Administration du FMI et de la Banque Mondiale d’alléger la dette multilatérale est la confirmation des relations financières privilégiées que le pays entretient avec la Communauté financière internationale.
La RCA est membre de la zone franc, de la CEEAC, de la CEMAC et appartient à la zone d’émission de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) qui, à chaque période, donne l’état de la conjoncture et parfois, développe des perspectives macroéconomiques pour chaque Etat membre.
Le Comité Monétaire de la Banque des États de l’Afrique Centrale (BEAC) qui s’est tenu au début du 2ème semestre 2009 (Juin 2009) a décidé de la baisse de ses taux d’intérêts face à un taux de croissance de 2,1 % alors qu’il était sur la même période à 4 % en 2008. Ce chiffre traduit un ralentissement assez préoccupant, ajouté à une chute du niveau des comptes publics et extérieurs dus à la dégradation des Cours du pétrole d’une part, et le repli des autres matières premières d’autre part.
La croissance se stabilisera autour de 3,5 % en moyenne par rapport à la dépendance du pétrole. La croissance économique de la sous-région CEMAC pourrait se stabiliser autour de 3,5 % sur la période 2010-2012 et les États membres (dont la RCA) doivent intensifier la diversification de leurs économies. 
En ce qui concerne plus particulièrement la RCA, la conjoncture qui a précédé l’atteinte du point d’achèvement (PPTE) selon le FMI en 2008, a enregistré une décélération de la croissance du PIB de l’ordre de 2,2 %, ramenant ainsi le taux de croissance du PIB en termes réels à environ 2,8 %, alors que l’augmentation de la production par tête d’habitant en 2007 a atteint 4 %.
La contraction brutale de la demande mondiale de matières premières (bois et diamants centrafricains) a entraîné une perte d’environ 20 % sur les liquidités au niveau du Trésor centrafricain. Notons que le diamant et le bois totalisent à eux seuls 85 % de la valeur totale des exportations centrafricaines. Un autre recul provient du fait que la loi des Finances en 2008 s’est appuyée sur un taux de croissance estimé à 5 % et le taux effectif, on l’a dit, n’a été que de 2,8 % et les perspectives s’orientent vers 3,5 %.
Si ces tendances se confirment pour 2009, ces pertes successives peuvent atteindre 1 % du PIB, ce qui est non négligeable pour la durabilité de l’économie dont les fondamentaux semble encore vulnérables.
QUE DOIVENT FAIRE LES CENTRAFRICAINS ? 
 
Le G20 s’oriente résolument vers la régulation des marchés financiers afin de prévenir de nouvelles crises. Même si certains signes positifs se manifestent sur certaines économies (relance de la consommation, légère amélioration du PIB), il n’en demeure pas moins que des préoccupations persistent sur l’accroissement du chômage, l’augmentation de la dette publique, et quelquefois, on assiste à des menaces inflationnistes. La tempête est passée mais les leçons continuent à être tirées car nul n’a la solution finale.
Nous l’avons dit plus haut, la RCA comme les pays membres de la CEMAC, a subi (bien que non liée directement à la crise financière) au niveau de l’économie réelle des pertes du fait de la contraction de la demande mondiale notamment de diamants et du bois centrafricains. Malgré cette morosité, les Institutions Financières Internationales ont jugé appréciables les résultats économiques et financiers obtenus par les autorités centrafricaines, après tous les sacrifices consentis par les travailleurs centrafricains. 
Il est donc exclu pour les responsables financiers centrafricains de s’enliser dans le gouffre des « PPTE » (Pays Pauvres Très endettés) ; macabre et triste dénomination dont le Centrafrique ne pouvait s’y imaginer il y a quelques décennies. On ne peut un seul instant penser s’y enterrer. L’opportunité nous est donnée par cette décision des Instances financières mondiales de sortir la RCA de ce sinistre et sordide Club en réduisant sensiblement le fardeau de la dette, offrant et renforçant ainsi la capacité du pays à poursuivre sa lutte contre la pauvreté. Il faut par ailleurs noter que la mission du FMI à Bangui en Avril 2009 a confirmé que la hausse du prix du pétrole a entraîné, à hauteur de 1 %, le déficit du compte courant extérieur.
Malgré tout, les reformes structurelles entreprises ont fait progresser les recettes intérieures par rapport au PIB, alors que les dépenses ont connu une certaine maîtrise dans leur évolution. Cela peut vouloir signifier que la RCA doit régulièrement s’efforcer de s’orienter vers des solutions endogènes pour renforcer la durabilité de son expansion à court et moyen terme. Quelque soit la taille des économies (Pays du G20, émergents ou PMA), les bases d’une relance économique sont plus ou moins les mêmes. Il s’agit de s’appuyer sur les moteurs de la croissance économiques spécifiques à chaque pays. La différence réside dans la rapidité à mettre en œuvre les mesures, ainsi que le volume des moyens financiers injectés, conjuguée à la baisse enregistrée des recettes d’exportations provoquée par la crise.
 
Les économies occidentales ou membres du G20, notamment les USA, la France, l’Allemagne (et même certains pays émergents comme la Chine) ont choisi d’injecter massivement des capitaux pour soutenir les crédits des banques en faillite, ainsi que la recapitalisation de certaines entreprises du secteur automobile, tout en offrant des primes à la casse pour relancer la consommation dans le même secteur. Des solutions endogènes pour une économie parmi les petits pays très endettés (à priori marquée par une carence de liquidité), signifie entre autres que le service de la dette allégée dégage des ressources pouvant être affectées au paiement des salaires, bourses et pensions dans le cas du Centrafrique.
Si régler les salaires pour certains pays (disposant d’avoirs pétroliers importants) relève d’une banalité financière et administrative, en RCA le paiement des salaires à terme échu, constitue une prouesse pour les autorités et une exception pour les populations.
En Centrafrique, le pouvoir d’achat importe moins que le paiement régulier et à terme échu des salaires, car plus de 60 % de la population vit avec moins de un dollar par jour. Les efforts que déploie le Gouvernement afin de s’acquitter de cette charge régalienne est à encourager, surtout que l’opportunité née de la réduction de la dette doit renforcer la lutte contre la pauvreté par la consolidation des bases de la croissance.
Le paiement des salaires se traduisant par une injection de liquidités équivalentes à la masse salariale impacte de facto la consommation des ménages et donc booste la croissance.
En effet, le seul instant « T » où sont injectés près de 4 milliards de Francs CFA dans le circuit économique de Centrafrique, c’est pendant les règlements des salaires, bourses et pensions. En dehors de cette échéance nul ne peut indiquer des effets durables palpables, mesurables dû à l’exploitation d’immense mines de diamants à l’exception de quelques facilités offertes aux « NAGBATA » qui sont de nature à plus assurer la survie quotidienne de leurs familles
A Suivre
 que de leur garantir une évolution durable en permettant la création des micro fabriques de produits les mettant à l’abri des primes alimentaires, ou leur fournir des possibilités d’alimenter des micro crédits. La même remarque proviendrait d’une carence de liquidités qui pouvait être atténuée par le drainage de capitaux provenant de capitalistes industriels centrafricains qui malheureusement est une race en voie de disparition. Il en est, de même pour le secteur agricole qui fourni environ 60% du PIB dont malheureusement on se demande si historiquement, il y a eu naissance de milliardaires dans ce secteur à l’instar de certains pays africains où l’agriculture a constitué la base de leur croissance et où une agro-industrie compétitive les a orientés aujourd’hui vers une énorme émergeante. Ainsi, l’Etat demeure l’ultime pourvoyeur de liquidités en dehors du système bancaire. Alléger les charges de l’Etat par la réduction de sa dette, et optimiser ses recettes par des mesures d’accroissement signifient non seulement le renforcement de sa survie mais autorise le pays à légitimement se préparer à assumer une nouvelle vision pour son développement.
  Ainsi, le versement des salaires permet au fonctionnaire centrafricain de prendre en charge la survie d’au moins six (6) personnes. Ainsi, le salaire perçu satisfera la demande en :
frais médicaux (pharmacies, hôpitaux, dispensaires) ;
alimentation (denrées agricoles, élevage volailles, viandes, poissons, viande de brousse) ;
habillement (secteur informel) ;
électricité (ENERCA) ;
Eau (SNE) ;
téléphonie, Internet (SOCATEL, Société de téléphonie mobile) ;
huile (CENTRAPALM, industrie agro-alimentaire) ;
sucre (SOGESCA) ;
savon, huile (SICPAD, industrie agro-alimentaire).
On n’oublie pas le bénéfice des commerçants de la place et ceux de l’arrière pays. Ce sont-là des résultats palpables, visibles, mesurables, donc indiscutables pour une croissance économique.
Les effets induits par une distribution de salaires à terme échu et de manière soutenue jusqu’en 2010 (pour prévenir un début de sortie de crise) assurent inéluctablement à l’économie centrafricaine des chances de parier sur un réel départ économique et social après 2010.
Le second facteur dans la relance de la consommation des ménages est lié au règlement de la dette intérieure du secteur privé par l’État. Il s’agit plus précisément de ce que l’État centrafricain doit rembourser (au titre de la dette) aux entreprises d’État et d’économie mixte (SOCATEL, ENERCA, SOGESCA, CENTRAPALM, SNE), et aux sociétés privées (CASTEL).
 Le poids économique de ces entreprises dans l’économie centrafricaine, tant sur le plan fiscal (impôts, TVA) que sur le plan social (emploi, salaires) est non négligeable. Le remboursement des dettes de l’État vis-à-vis de ces sociétés leur permettra non seulement de financer leurs besoins en fonds de roulement mais surtout de renouveler le matériel de production souvent obsolète. Bien qu’il s’agisse de leurs créances, les moyens disponibles étant dans cette période limités (possibilité de financement extérieur), l’État pour optimiser ces actions, doit procéder de manière sélective, tenant compte des dimensions socio-économiques de chaque société à renflouer.
 



ANALYSE DE LA SITUATION ECONOMIQUE DE LA RCA

I. Les contraintes structurelles

Classé parmi les pays les moins avancés avec un revenu par tête d’habitant de 306 dollars par an, la RCA a été depuis 1985 l’objet de graves crises économiques et financières dont l’indicateur premier est une baisse du PIB et un important déficit budgétaire qui ont entraîné : un appauvrissement de la population, une détérioration des infrastructures de base, du système éducatif et sanitaire.

Ses autres traits caractéristiques constituant des inconvénients, peuvent être soulignés par les points successifs, plus marquant sous forme d’exemples frappant :

    Pays enclavé, il faut 1500 Km pour atteindre le port de Douala à partir de la capitale de Bangui, => surcoût de transports, une baisse de compétitivité des produits centrafricains à l’exportation, un renchérissement du prix des produits importés et des biens manufacturés, => une dépendance par rapport aux deux principaux voisins (donnant un accès à la mer) et à leurs vicissitudes économiques et politiques.

    L’immensité du territoire et la faiblesse numérique de la population, sa dispersion et son inégale répartition, rend :

          d’une part le contrôle des frontières difficile [concentrée dans l’ouest, le centre et le sud, la région de l’extrême nord et de l’est servent souvent de base de repli à des rebelles Tchadiens et soudanais, à des coupeurs de routes de diverses origines appelés " Zaraguina ", ou à des braconniers, => Climats d’insécurité] ;

          d’autre part le marché centrafricain exigu et la base productive étroite (le secteur primaire représente 51% du PIB, le secteur tertiaire 32% et le secteur minier 17%), caractérisé par un mode d’exploitation peu performant.

    Dans l’ensemble, le pays est peu bancarisé et certaines zones, dont l’est et le nord-est, sont faiblement monétisés, faute d’infrastructures de base et de transports favorisant les échanges.

    A tous les niveaux socio-économiques, les ressources humaines sont insuffisantes qualitativement et quantitativement, et l’initiative privée est limitée.

    Quant à l’administration, pendant plusieurs années, le Trésor public a été géré à vue et aucun livre comptable n’était tenu à jour. L’Etat a perdu de sa crédibilité. Enfin l’endettement et l’absence d’épargne budgétaire ont réduit la capacité d’investissement public.

    Ainsi, la RCA est passée de 5,5% en 1994 de croissance à -2% de croissance en 1996 (en terme réel), ce qui a fait dire à certains observateurs internationaux (notamment le Moniteur du commerce international) que la RCA a obtenu le ruban bleu de la croissance. Cependant, si l’on observe le contenu de cette croissance, outre la remontée des cours de matières premières dopée par la dévaluation de 1994, il y a eu une augmentation de 20% du volume des produits dans le secteur des boissons gazeuses et de la bière. Parallèlement, il y a eu une augmentation des exportations des secteurs miniers, du coton, du café, du bois et des produits de l’élevage.

    La RCA a atteint statistiquement l’autosuffisance alimentaire en 1985, même si depuis l’exode rural ne ralentit pas, en réalité du fait de l’absence d’une politique cohérente de distribution et de ravitaillement en produits vivriers, des régions déficitaires par les provinces excédentaires. L’enclavement intérieur du pays (il n’est pas seulement extérieur), interdit aux paysans de pouvoir compter sur la vente régulière de leurs excédents, d’autant plus que les routes existantes se dégradent de plus en plus, malgré les efforts d’un département des travaux publics inefficacement organisé avec très peu de moyens [en 1990, 17 milliards de FCFA étaient alloués par l’association internationale de développement pour la réfection de 4 000 Km de routes, 720 Km de pistes et des infrastructures fluviales et aériennes, une partie des aides est allé à Ngbare Kangué (village natal du chef de l’Etat)].

    Tous les éléments précédemment cités, montrent bien que même en période très favorable pour l’économie centrafricaine, ce dernier reste 1/ tributaire des mouvements cycliques propres aux marchés des produits de base ;

    2/

    3/ et des recettes publiques chroniquement inférieures aux dépenses (cf. tableau ci-dessous) avec un secteur informel (le phénomène des " Bouba-Nguéré ") qui se développe et qui " tue " l’économie centrafricaine (en occasionnant notamment des sorties conséquentes de devises), conjuguées à l’importance des fonds spéciaux (de l’ordre de milliard).

    dépendante de l’extérieur : par exemple, les investissements étrangers représentent 3/5 des investissements et 2/3 des investissements étrangers sont français. Ces derniers se concentrent dans 38% des entreprises recensées dans le secteur moderne, dans lequel la part moyenne du capital investi est de l’ordre de 70%, concentré dans les secteurs du bois, des produits consommables (boissons, tabacs), du coton, des consommations, ainsi que des carburants.

Situations financières de l’Etat centrafricain (en milliards de francs CFA)

 

1993

1994

1995

1996

1997*

1998*

Recettes totales

28,4

35,4

51,5

33,2

40

68,5

Recettes fiscales

26,5

32,1

49,3

32,9

39,6

67

dont droits sur com. Ext.

9,4

11,5

21,9

12,9

16,1

32,2

Autres recettes

1,9

3,2

2,2

0,3

0,5

1,5

Dépenses totales

-78,1

-106

-115,3

-60,7

-67

-106,3

Dépenses courantes

-46

-57,2

-57,4

-47,4

-44,3

-55,2

dont salaires et traitements

-23

-25,7

-26

-25,3

-26

-26

Paiements d’intérêts

-7,7

-11,3

-12,8

-10,5

-7,9

-7,7

dont extérieurs

-4,6

-8,9

-7,7

-8,4

-6,1

-6

intérieurs

-3,1

-2,4

-5,1

-2,1

-1,8

-1,7

Prog. d’investiss. public

-32

-48,8

-57,9

-13,2

-22,7

-51,1

dont budget

-5,2

-5,8

-7,1

-1,9

-2,3

-10

financements ext.

-26,8

-43

-50,8

-11,3

-20,4

-41,1

Déficit global, base engagements

-49,7

-70,7

-63,8

-27,5

-26,9

-37,8

dont solde primaire**

-14,7

-16,3

-0,3

-5,7

1,4

11

Sources

** A l’exclusion des paiements d’intérêts et de dépenses d’investissement financées de l'extérieur.

 : données fournies par les autorités centrafricaines, estimations et projections du FMI, in Marchés Tropicaux du 2 janvier 1998, p. 25. .* Projections.

 

Pour faire face à tous ces déséquilibres structurels et assainir les finances publiques, dégager une épargne afin de financer les investissements, plusieurs programmes d’ajustements structurels ont été mis en place. Ce fut un échec :

    en 1986, avec le concours des institutions de Bretton-Woods (le Fonds monétaire international et la Banque mondiale) et d’autres bailleurs, a été mis en place le Plan d’ajustement structurel (PAS) I, jusqu’en septembre 1988 ;

    en juin 1988, la mise en place du PAS II, appelé plutôt PASA (programme d’ajustement structurel agricole), jusqu’au 30 juin 1989 ;

    le PAS III a pris le relais en août 1989 jusqu'en décembre 1991 ; l’objectif était la poursuite d’assainissement financier, la relance économique par le biais des exportations traditionnelles (coton, café) et la diversification des produits agricoles, ainsi que le parachèvement de la réforme du secteur public et la restructuration du secteur parapublic.

    En réalité, une grande partie des réformes n’ont pas été appliquées, ce qui a bloqué le fonctionnement des accords, en particulier le décaissement de la deuxième tranche du PAS. En 1993, les principaux bailleurs avaient cessé de soutenir la RCA., avec un nouveau gouvernement constitué à l’issu des élections démocratiques, eu lieu une nouvelle concertation en mai 1994 avec l’appui du PNUD, pour un programme dit de " redémarrage ". Trois priorités ont été définies : 1/ la gestion économique et financière, 2/ les états généraux de l’éducation (sachant que 30% des enseignants ont été licenciés dans les années 1980, dans un pays qui compte environ 60% d’analphabètes) et 3/ la santé ;

    En 1994

    des difficultés de mise en œuvre de l’ajustement ont entraîné en 1995, la négociation du PAS IV conditionné par l’amélioration des procédures budgétaires, l’élargissement de l’assiette fiscale, la réforme de la fonction publique et du secteur parapublic. Là encore, on connaît les résultats qui ont abouti aux multiples mutineries depuis 1996 dont le pays dans son affaissement économique n’avait pas besoin, ainsi que l’échec des différentes négociations avec les bailleurs de fonds devenant de plus en plus incrédules.

    Actuellement, dans un contexte de retour à la paix grâce à une médiation africaine, mais qui reste très difficile du point de vue économique (retards de salaires de plus de 6 mois, ...), une mission du FMI conduite par Klaus-Walter Riechel (Chef de mission), Richard Randriamaholy et Abdelrahim Bessala, conduite dans le cadre du Comité technique permanent, s’est rendu à Bangui du 18 au 27 octobre 1997, afin d’aider les autorités centrafricaines à assainir les finances publiques et à apurer les arriérés accumulés vis-à-vis des bailleurs. Le rapport issu de cette mission, a souligné avec des échéances précises (ne dépassant pas six mois) un certain nombre de mesures à prendre, préalable à tout autre accord avec le FMI. Il serait trop long de donner le contenu de ce rapport. Nous espérons qu’il va permettre de sortir de la logique de l’échec endémique des PAS en Centrafrique.

Toutefois, quels que soient les résultats des prochaines discussions avec le FMI, outre la réduction du degré des contraintes structurelles citées précédemment, les orientations économiques devraient 1/ tenir compte d’un certain nombre de potentiels et 2/ renforcer les capacités organisationnelles et en ressources humaines du pays, notamment en faisant recours aux compétences externes à l’administration.

Si l’agriculture était florissante, la RCA serait riche; car, c’est un secteur qui occupe plus de 65% de la population active, et représentait en 1989 41% du PNB. La RCA partage avec le Zaïre le triste record des rendements les plus bas du continent. Il faut savoir que :

      37% des superficies ensemencées ne reçoivent ni engrais, ni insecticides ;

      les produits de base de la RCA sont dépendants des cours de matières premières et les faibles quotas qui lui sont attribués, conjugués à une époque (sans doute révolue) où le dysfonctionnement de la CAISTAB (360 millions se F CFA non dévalués disparu dans la nature en 1989, sans qu’il y ait coupable et/ou responsable) ont fini par déstabiliser l’un des secteurs les plus productifs du pays ;

      le tabac a pratiquement disparu : 285 tonnes en 1988 contre près de 3 000 tonnes au début des années 1970 ; le bois de la RCA qui a près de 250 essences est la 2ème production du secteur primaire. Ces

    activités ont quatre fois plus de potentiels par décennie (estimation faite à partir d’un modèle de croissance tenant compte d’une dynamique transitionnelle)

      Le sous-sol centrafricain est aussi un véritable scandale : diamant, or, cuivre, étain, calcaire, uranium,...

          le diamant rapporte en moyenne 45 milliards de F CFA (dévalué) pour une production de 500 000 carats, or les diamantaires d’Anvers qui importent presque la totalité du diamant centrafricain, en achètent le double. En fait, les gouvernements ont toujours tiré profit du trafic illicite des pierres, notamment la grande concession de Mingala et Dimbi et les sociétés récemment crées avec des appuis extérieurs. Le redéploiement des forces publiques entraînées et bien payées dans les régions diamantifères et une réforme sérieuse du secteur permettraient d’endiguer cette hémostase.

          Le gisement de l’uranium de Bakouma est estimé à 700 000 tonnes. Une société d’uranium centrafricaine (URCA) a été pourtant créé, sans qu’il y n’ait de suite.

      En fin, il est plus qu'urgent de développer en même temps le secteur privé (parallèlement à une administration de mission faisant appel à des compétences centrafricaines pour des missions précises dans leur durée, leur objectif, nécessitant des compétences pointues) et la méritocratie (recrutement par concours supervisés par des personnalités de qualités et de différents horizons). Pour le développement des initiatives privées, ça ne se décrète pas : seule la réduction du risque-pays et le développement des infrastructures inciteraient les investisseurs à venir en RCA. Pour ces derniers les sciences économiques seules sont insuffisantes.

       







      BOZOZE DOIT RESTER " VRAI" OU " FAUX"


 

II Les potentiels




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